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Les Templiers dans leurs maisons de Figeac

Aux XIIe et XIIIe siècles, Figeac connaît un développement important, signe manifeste d’une grande activité urbaine et d’une incontestable vitalité économique. On y voit s’élever divers édifices publics et de nombreuses maisons qu’il faut entourer de remparts, ceinture bientôt devenue trop étroite. En effet, la ville déborde de ses murailles et accueille les établissements des ordres mendiants. Le centre de gravité se déplace : les nouvelles places publiques du Froment et de l’Avoine se substituent à l’abbaye. On construit sur le Celé trois ponts qui prouvent évidemment l’importance de la cité et l’activité de ses relations. Cette évolution traduit la montée du pouvoir laïc face au pouvoir religieux. En 1301, l’abbé de Figeac cède ses droits de justice sur la ville au roi de France, Philippe le Bel. La gestion de Figeac est alors aux mains des consuls. Ceux-ci forment une oligarchie bourgeoise élue parmi les familles de riches marchands présents aux foires de Champagne, en Flandre ou en Italie. On leur doit les luxueux hôtels particuliers édifiés dans la ville au XIVe siècle. Selon la plupart des érudits, la présence des Templiers se situait, en un premier temps, hors les murs de la cité. Les moines chevaliers s’installèrent ensuite au centre de la ville avec une maison, un hôpital pour les pèlerins avec des écuries et une chapelle. Ils siégeaient également autour de Figeac au domaine de Claux (Camburat), à Lafarquette, Capdenac, Saint-Laurent (Beauregard) et dans le fief de Jambluse (Saillac) qui dépendait des Templiers de Lacapelle-Livron

À LA CURIE

Ce sont les grands pèlerinages moyenâgeux qui vinrent augmenter le prestige et, sans doute aussi, les richesses du monastère de Figeac. Les reliques offertes par Pépin attirèrent de bonne heure les pèlerinages, Figeac bénéficia aussi des grands pèlerinages vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Le grand « chemin Roumiou » allait de Conques vers Moissac, mais une bretelle importante passait de Capdenac-Figeac et se dirigeait vers Rocamadour, déjà renommée pour son pèlerinage.

 Depuis le XIIe siècle Figeac avait une population nombreuse de marchands, d’artisans, et aussi de prêtres, de moines et de nobles. Le luxe de ces derniers augmentait le bien-être des premiers.

  Sous le règne de Philippe Auguste et pendant le pontificat de Clément III, les chevaliers du Temple, alors en plein épanouissement, se fixèrent vers 1187 à l’extrémité de la ville de Figeac, du côté couchant, inclinant vers le nord, à l’endroit qu’on nomme aujourd’hui La Curie Basse, dans ce « repaire » (iparium signifiant vallon) situé sur le ruisseau des Carmes.
 Viala, dans son livre Figeac ville d’autrefois, précise que : « Vers 1187, l’ordre des Templiers alors en plein épanouissement, vint se fixer à Figeac, il s’installa d’abord dans le castel que l’on aperçoit à quelques centaines de mètres de la ville, niché au milieu des verdures, tout au bord du ruisseau des Carmes. Le château actuel fut apparemment construit sur les restes de quelque construction gallo-romaine, à ce que semble indiquer son nom, La Curie.Cet amas de bâtisses offre un certain caractère, vu à distance et dans la saison fleurie ses tuiles rouges rongées de mousses jaunes, les ombres bleues de sa cour profonde, les fenêtres à meneaux de sa haute tour, tout cela dans l’ambiance émerveillée des collines, offre un charme de retraite aimable, d’ermitage béni. De là les Templiers pénétrèrent dans la ville même et tout ce pâté de maisons où s’enchevêtrent des escaliers, où s’ouvrent des ogives, des trèfles et des rosaces, qui se trouve entre la rue du Griffoul et la place Champollion, dut leur appartenir. »

AU CŒUR DE FIGEAC : DES MOINES BANQUIERS

Les Templiers apportaient le concours de leur foi et aussi de leurs bras séculiers. On a de la peine à imaginer la vie intense qui emplissait la ville de Figeac, et débordait dans les hospices des faubourgs. Les pèlerinages ont été sans doute de grands véhicules de l’art et de la pensée et l’occasion d’échanges économiques très importants (comme actuellement les grands courants touristiques).

 

Parmi les fonctions de l’ordre, les Templiers occupaient celles de banquiers et d’hospitaliers. Vers 1214, ils se déplacèrent de La Curie vers le cœur de Figeac, dans un bâtiment dont la façade gothique égaye aujourd’hui la rue Gambetta, anciennement Carriéra del Grifol. À l’époque, cette artère était la rue principale de l’agglomération figeacoise : commerçants, artisans, maisons de maître, etc.

Détails de la façade de l'ancienne banque des
 Templiers
 (Figeac)

 

La commanderie du Griffol ou l’hôpital d’Oltra pont (ultrà pontem) coexistait avec l’ancien moulin du Griffoul. À cet hôpital était attenante une « recluse » (reclusia) comprenant plusieurs cellules où se réfugiaient au Moyen-Âge, avec la permission de l’abbé du monastère Saint-Sauveur, quelques pénitents qui se condamnaient volontairement à vivre enfermés pour prier et se mortifier. Cette commanderie fut transférée à l’Hôpital d’Aujou le 30 juin 1670.

 

Au sujet de cette commanderie, E. Viala dit : « Quand on entre dans Figeac par la rue du Griffoul, aujourd’hui rue Gambetta, un peu avant d’arriver à la place Carnot, on trouve sur sa droite une étroite impasse fermée dans le fond par de hautes murailles en ruine. Là s’ouvrent de grands vides qui, autrefois, durent éclairer de somptueuses salles, où les chevaliers de Jérusalem servis par leurs frères lais, bénis par leurs chapelains, vivaient dans un mystère dont ces murs gardent encore le secret. Après une grande porte ogivale penchée, on arrive dans une cour, entourée d’arceaux murés, de hangars et d’encorbellements, et le tout constitue aujourd’hui pour l’utilisable une auberge très envahie les jours de foire et de marché. Alors dans l’immeuble où luisent les cuivres, où se multiplient les maritornes, où les bouteilles aux panses écarlates scintillent comme des rubis sur les longues tables dans la lumière tombant des rosaces et des meneaux, on entend un brouhaha et des chansons bien dans leur cadre ; on se croirait revenu au temps des reîtres et des lansquenets. Il semble que là-dedans on doit jurer par les saints de pierre, par le diable, par les fées et par la barbe du grand commandeur, dont les appartements royaux étaient naguère à deux pas.

Si vous traversez la cour, où s’entassent les débris, les écuries qui, autrefois, abritèrent les destriers aux harnois sanctifiés, vous arrivez tout à coup sous un enchevêtrement d’escaliers de bois, qui furent agencés plus tard dans ce dédale apparemment sous Louis XIII, si l’on en juge par la rampe en bois. Des ogives, des trèfles, des œils-de-bœuf ornent et calamistrent la haute muraille où vient s’arc-bouter l’escalier curieux, tortillard, mal d’aplomb qui gagne la Solillo d’en face, paradis des ratés et des araignées, géhenne des mouches et des papillons perdus. »

Proche de commanderie de Figeac se trouvaient les « francs-métiers » du Temple ou capots. Ces derniers transformèrent les façades des maisons, les ponts et autres monuments en « Livre de la Gnose » comme l’attestent ces sculptures des XIIe et XIIIe siècles où l’on peut admirer toutes sortes d’animaux mythologiques. Dans son livre Sur la piste des trésors matériels et spirituels des Templiers, Bernard Falque de Bezaure rajoute : « Il en fut de même à Cahors, sur le pont Valentré où se trouve sculpté un superbe diable (Baphomet). »

LEUR ETABLISSEMENT HOSPITALIER

Ensuite, les Templiers fondèrent, au cœur du Vieux Figeac, un hospice sur la place Haute ou de l’Avoine (aujourd’hui place Champollion), en faveur des pèlerins qui remplissaient continuellement les chemins ; la plupart y arrivaient malades et beaucoup y mouraient.

Ce bâtiment communiquait à l’intérieur d’un passage couvert avec les écuries et la chapelle (XIIIe siècle), situées dans l’actuelle rue du Consulat (au n°11). L’édifice religieux est devenu successivement Maison Commune ou Consulat, magasin à fourrage pour le roi, temple protestant (1576-1622), chapelle des pénitents bleus (1732). Les croisées de la maison, place Haute, étaient décorées de peintures sur verre et d’écussons divers mêlés d’autres emblèmes de chevalerie ; ces croisées géminées surmontées d’un ornement ogival en crochet, montraient naguère leurs colonnettes mutilées.

L’origine des hôpitaux est très ancienne. Selon André Sors, bien avant le VIe siècle, les petits hôpitaux, placés au croisement des voies antiques, aux « stationes » où campaient les troupes et aux « mutationes » ou relais de poste, furent non seulement des refuges pour les malades mais aussi des asiles pour voyageurs pauvres. On en retrouve des vestiges et le nom dans les lieux ou localités appelés encore Hospital et, Hôpital Saint-Jean, Hôpital Beaulieu. Mais les hospices se multiplièrent prodigieusement au XIIIe siècle à cause des pèlerins, des croisés qui, à leur retour de Palestine portèrent en Europe et en France des maladies jusqu’alors rares ou inconnues. C’étaient principalement : le feu de Saint-Antoine ou mal des ardents, sorte de gangrène qui détachait, articulation par articulation les membres du corps ; la lèpre, encore répandue dans le monde, qui consiste en ulcérations et destruction de la peau avec douleurs très vives suivies de la mort. Les lépreux étaient affreux à voir avec leurs pustules et leurs écailles.

 Cela explique que les Templiers, puissants chevaliers de la croisade de la foi, aient fondé un hôpital dans leur commanderie située place Champollion.

 L’ensemble des maisons du Temple de Figeac dépendait de leur préceptorie de Cahors

LE ROI ET SON CONSEILLER À FIGEAC : UNE MACHINATION?

En 1291, le pape Nicolas IV confirma la ville de Figeac comme appartenant à l’abbé et condamna les consuls. En 1301, le dénouement se produisit. Ne pouvant plus maintenir l’ordre au milieu d’une population soulevée, Béranger d’Aiguesvives, abbé de Figeac, sollicite l’intervention du roi Philippe le Bel.

Sébastien Nadiras, dans "Guillaume de Nogaret et la pratique du pouvoir", précise que : « En effet, il (G. de Nogaret) est désormais personnellement chargé de la conduite, d’un bout à l’autre, d’affaires d’importance, dans lesquelles il dispose d’une latitude certaine, tels un projet de pariage avec le roi de Majorque sur la ville de Montpellier ou les négociations relatives à l’acquisition par le roi de la justice de Figeac ainsi que la rédaction d’une charte de franchises pour cette ville. » Guillaume de Nogaret, pourvoyeur de la chute de l’ordre du Temple, part sur place pour s’informer de ces événements et négocier avec l’abbé et les consuls de la ville. Par un acte, l’abbé cède « toute juridiction, haute et basse avec droit de connaître tant en appel qu’au premier ressort, toute puissance et supériorité sur la ville et son district, avec tous les droits et émoluments qui en dépendent », soit toute la justice de cette ville, le roi, assisté de son chancelier Guillaume de Nogaret, se réservant seulement celle du monastère pour lui et ses successeurs.

 Six ans après, c’est l’arrestation des Templiers ; en 1311, leur abolition ; en 1314, la fin. Le pape Jean XXII, ordonna aux conciles provinciaux de remettre en liberté tous les Templiers reconnus innocents : je rappelle, qu’il y en a eu que très peu qui reconnurent sous la torture les actes d’accusation ignobles et faux, et, s’ils se soumettaient à l’Eglise, alors, ces conciles provinciaux se devaient de fixer le montant d’une pension viagère, qui leur serait allouée sur les biens de l’ordre supprimé. Cette pension était assujettie à la condition qu’ils se retirent dans leur maison de l’ancien ordre du Temple ou dans des couvents, mais pour les monastères à condition qu’ils ne le fassent pas en trop grand nombre. Le souci de Jean XXII était de réparer le déni de justice commis à l’égard des Templiers qui subissaient encore un emprisonnement. Le 13 janvier 1317, Jean XXII exige des archevêques d’achever l’enquête et de faire diligence. Partout les Hospitaliers de Saint-Jean héritèrent des biens du Temple, sauf en Aragon et au Portugal, pays où furent créés de nouveaux ordres, successeurs légitimes du Temple : Montesa, en Aragon, par une bulle du pape Jean XXII datée du 10 juin 1317 ; l’ordre du Christ, au Portugal, par une autre bulle du même pape, datée du 15 mars 1319.

Dans son enquête des Templiers à Figeac, François Chabaud, après avoir réhabilité la commanderie des Templiers dont il estais le propriétaire jusque à 2013, s’est souvent posé les questions suivantes : “ Est-ce anodin enfin, que Jean XXII propose dans la toute première partie de son pontificat la réhabilitation de l’ordre du Temple ? Qu’un pape succède à un pape, quoi de plus normal. Mais quand on sait que ce nouveau pape, Jacques Duèze, qui prend le nom de Jean XXII, natif de Cahors dans le Lot, lieu où se déroulèrent tous les événements décrits précédemment, on est à même de se poser bien des questions. Nous sommes alors en 1317, trois années à peine après la disparition du maître Jacques de Molay. À l’évidence, il existe dans le Quercy de 1301 à 1317, un lien entre les Templiers, Philippe Le Bel, Guillaume de Nogaret, les consuls de la cité de Figeac et Jean XXII, entre la ville de Cahors et celle de Figeac. Quel est ce lien ? Je vous invite à lire l’article « Chapollion-Figeac et le trésor des Templiers - Figeac un nouveau Rennes-le-Château ».

DU « NIHILISME PASSIF » À LA NOTION DE SURHOMME

En examinant cette histoire, on s’aperçoit que la chrétienté a certainement été unie jusqu’à ce que le roi de France ordonne l’assassinat programmé des Templiers. Pendant longtemps, la passion du tombeau du Christ a été le lien des peuples. Mais lorsque les Templiers furent exterminés, les Rois Maudits se disputèrent le royaume. Ce fut alors le début de la décadence des royaumes de France qui se succédèrent jusqu’à nos jours : la guerre contre l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, la Russie ; la guerre tous azimuts contre tout le monde. Bref, l’ombre des Rois Maudits plane toujours sur nos têtes et hante nos consciences, elle est omniprésente.

 Les valeurs traditionnelles représentées essentiellement par le christianisme ont perdu leur emprise sur la vie des individus : “ Dieu est mort ”, résumant ainsi le “ nihilisme passif ” de la civilisation moderne. Les valeurs traditionnelles représentent une “ morale d’esclaves ” créée par des individus faibles et en proie au ressentiment, qui encouragent la douceur et la gentillesse pour privilégier des comportements servant leurs propres intérêts : les bourreaux des Templiers ont mis en cause toute valeur positive et se contentèrent de rejeter tous les préceptes moraux sans en proposer de nouveaux. N’est-il pas possible de remplacer ces valeurs traditionnelles en créant des valeurs inédites, donnant ainsi la notion de surhomme : les Templiers ?

 Quoi qu’il en soit, du « nihilisme passif » à la notion de surhomme, toute conduite humaine, n’est-elle pas motivée par la volonté de puissance ? Quel dilemme ! D’une manière certaine, la volonté de puissance n’est pas seulement synonyme de pouvoir sur les autres, mais signifie aussi le pouvoir sur soi, indispensable à la créativité. Une telle puissance est manifeste dans l’indépendance, la créativité et l’originalité du surhomme.

 
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